A Versailles,
Le 18 mai 1770
Très chère Mère,
J'espère que vous allez bien, mieux que moi en ce moment. Je me sens épuisée, triste, mal à l'aise, abandonnée, seule, tellement seule! Je sais qu'il est de mon devoir de rester à Versailles. Je sais que je ne peux pas partir, que je suis bloquée, que je dois respecter ta volonté. Je sais que je dois devenir Reine de France, que je dois donner un enfant au dauphin. Tout cela je le sais. Et pourtant, c'est compliqué!
Certes, il y a des avantages à être ici. Les jardins sont absolument magnifiques, sublimes même! Les parterres de fleurs aux formes géométriques me réjouissent. Je me promène dans les allées longues de la cour, en admirant les fontaines et les jets d'eau. Le château est spacieux, il y a de grandes pièces lumineuses, et les murs sont tapissés de fresques colorées.
Mais Mère, je suis perdue au milieu de tous ces gens, de toutes ces règles que je ne comprends pas. Il faut que je vous conte mon premier réveil. vous savez que je suis somnolente le matin, qu'il ne faut pas trop me presser. A Versailles, à mon lever, le rideau s'ouvre, le soleil m'éblouit et tout le monde a les yeux fixés sur ma personne! Je dois ensuite me mettre nue devant toutes ces dames habillées et coiffées, à attendre que la plus importante puisse me vêtir. Imaginez à quel point c'est désagréable. Je me sens indécente, personne ne respecte mon intimité, personne ne respecte ma pudeur! J'ai froid et je dois pourtant attendre et sourire. Je sens bien qu'elles se croient toutes supérieures à moi. Et pourtant, je suis la future Reine!
Pitié, Mutti, laissez-moi rentrer en Autriche! Vous me manquez tous, votre présence me manque terriblement!
Je vous embrasse tendrement et respectueusement,
Votre fille qui vous aime, Marie-Antoinette
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