Mardi, le 21 janvier 1770
Ma très chère mère,
Je vous écris de Versailles pour prendre de vos nouvelles et pour vous faire part de mes premiers jours à la Cour.
Mère, je sais que le mariage avec le Dauphin est purement stratégique, et je ne sais point si je serai capable d'endurer cela plus longtemps. Pourtant la Cour de Versailles ne cesse de m'émerveiller : la beauté des jardins n'a d'égal que sa grandeur. La vie ici est différente de chez nous : les robes sont volumineuses, imposantes, fleuries et faites de soie précieuse. Les repas pour deux sont si énormes qu'ils pourraient servir à nourrir une quinzaine de personnes.
Pourtant, j'ai été surprise de mon premier lever à Versailles car tout le monde était autour de moi, comme l'exige l'Etiquette. Je ne pouvais m'habiller seule ; il fallait qu'une personne importante le fasse à ma place. Plusieurs personnes se sont ainsi succédé, selon leur titre, me laissant nue, dans l'embarras et frigorifiée. Je ne peux m'empêcher de trouver cette posture ô combien ridicule.
D'ailleurs, c'est aussi le cas pour le repas durant lequel nous n'avions pas de verre à table ; pour boire un simple verre d'eau, je suis obligée de me faire servir. Quant à mon futur époux, il a eu droit à une salade, alors que j'ai dû me contenter d'une soupe.
Ici, je me sens comme une marionnette.
J'attends de vos nouvelles,
Affectueusement,
Votre fille,
Marie-Antoinette
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